Lecture en cours

Lectures croisées : mai 2025


Pierre Rivet & Daniel Ducharme | Lectures croisées | 2025-06-02


Daniel Ducharme

Bon, François. Proust est une fiction. Seuil, 2013

En une centaine de chapitres courts (d'une page et demis à trois ou quatre), François Bon nous parle de Proust et de La Recherche du temps perdu. Il le fait à travers plusieurs thématiques. Transport, technique, relations avec Baudelaire, sexualité, tout y passe. Des éléments sur la vie de Proust émergent ici et là. Un ouvrage aussi savant qu'anecdotique qu'on prend plaisir à lire, sans chercher plus loin.

Jordan, Robert. La Roue du temps 4.- Un lever de ténèbres / traduit de l'anglais par Jean-Claude Mallé. Bragelonne, c1990, 2012

Dans ce quatrième volume de La Roue du temps, l'intrigue se complexifie et, comme si ce n'était pas suffisant, de nouveaux personnages apparaissent, notamment Faile (Zarine), la compagne de Perrin, et Adviendha, une Aielle qui suit Rand à la trace. Dans Un lever de ténèbres, l'auteur conduit le lecteur dans trois directions différentes. La première est celle de Rand qui part à la découverte de ses origines aielles à Rhuidean, une cité perdue dans la Tierce Terre. Il est accompagné de Mat Cauthon, qui a également des comptes à régler avec son destin. Egwene et Moirane sont aussi dans les parages, la première pour apprendre à contrôler ses rêves avec une matriarche, la seconde pour contrôler tout court... La deuxième direction du récit concerne Perrin Aybara qui retourne à Deux Rivières, sa région natale, pour contrer la menace des Fils de la Lumière et, accessoirement, des Trollocs. Sans trop s'en rendre compte, il prend les commandes des habitants pour lutter sur les deux fronts. Enfin, troisième direction, Elayne et Nynaeve accomplissent une mission pour la Tour Blanche, celle de démasquer les membres de l'Ajah Noir à Tanchico. Bref, de nombreux complots sont en cours entre les forces de la lumière et celles du mal. Les différentes factions - les Aes Sedai, les Aiels, les Fils de la Lumière et les suppôts des ténèbres - commencent à se positionner pour la Bataille Finale.

Bandes dessinées

Zidrou et Lafebre. Les beaux étés. Dargaud Benelux, 2015-2021, 5 vol.

Un dessinateur belge, sa femme et leurs quatre enfants. Dans une Renault 4L, ils embarquent pour partir en vacances, toujours en retard et selon un rituel rigoureux... mais ça ne marche jamais, bien entendu. Dans ce monde en déroute, où la guerre, les migrations et les problème sociaux font rage, comme il est réconfortant de suivre les péripéties de cette famille de Mons dans les années 1970, une famille où l'amour et l'humour règnent en maître. Du grand art, cette bédé...


Pierre Rivet

Dos Passos John. Milieu de siècle. Gallimard/L’imaginaire, c1961, 1971

Pour moi, John Dos Passos (1896-1970) est l’un des plus grands romanciers américains du 20e siècle (on verra pour le 21e, il est encore un peu tôt). Il est connu surtout pour son roman Manhattan Transfert, publié en 1925, et sa trilogie USA (comprenant 42ème parallèle, 1919, et La grosse galette) publiée de 1930 à 1936. Après, la critique a eue tendance à l’oublier. À tort, car Milieu de siècle, publié en 1961, est un grand roman. On peut considérer que ce roman est la suite de la trilogie USA, avec le même type de construction. On y retrouve des titres de journaux, des biographies de personnages historiques américains, mêlés à des histoires de personnages fictifs. Et, comme dans sa trilogie USA, il est beaucoup question du monde ouvrier au États-Unis, des syndicats, et du monde des affaires. L’auteur procède à une véritable radiographie du monde social américain, depuis le début du vingtième siècle, et critique, avec raison, ce qui est advenu des syndicats, sous la pression du monde des affaires et des milieux mafieux. Autant que sa trilogie USA, c’est un livre qu’il faut lire pour comprendre la société américaine, ses mythes et sa réalité. Mais armez-vous de patience, car si ce livre est paru en un seul volume, ce volume est tout de même divisé en trois parties qui totalises 591 pages, bien tassées !

Filliot, Philippe. Être vivant, méditer, créer. Actes Sud/« le souffle de l’esprit », 2016

J’ai emprunté une copie numérique à la BanQ parce que j’aime bien, de temps à autre, me replonger dans la méditation. En plus, le fait que la méditation soit associée à la création m’intéressait car, qui sait, peut-être deviendrai-je créatif en passant par la méditation! Mais, en fait, il ne s’agit nullement d’un « guide » nous enseignant à être créatif par le biais de la méditation (j’aurais bien aimé, pourtant, devenir créatif sans effort grâce au fait de rester sans rien faire, ni rien penser, pendant quelques minutes), mais plutôt de liens entre « être vivant », « être créatif », et méditer. Rien de bien nouveau, mais un utile résumé des avantages de la méditation pour aider la création et se créer comme être vivant. Lecture intéressante mais non transcendante.

Major, André. Entre chien et loup : Carnets 2008-2014. Boréal/Papiers Collés, 2025

Dernier, à date, et sixième des carnets de l’écrivain québécois André Major, depuis la publication, en 2001, de Le sourire d’Anton, ou L’adieu au roman. J’aime bien les carnets, les journaux, les cahiers, bref le genre écrits brefs, confidences, pensées, anecdotes, etc., où l’on a l’impression de prendre des nouvelles d’un vieil ami, un vieil ami avec ses qualités et ses défauts, ses tics et ses fulgurances. Celui-ci couvre les années 2008 à 2014 et j’ai déjà hâte de lire les suivants, de savoir ce qu’il pensera d’aujourd’hui alors que nous serons déjà demain.

Morel, Jean-Pierre. John Dos Passos : Multiplicité et solitude. Belin, 1998

Puisque j’en suis à terminer la lecture du monumental roman de John Dos Passos (monumental par son ambition narrative et par le nombre de pages), pourquoi ne pas me rafraichir la mémoire sur l’oeuvre de cet auteur. Le petit livre de Jean-Pierre Morel trace un portrait succinct, mais assez précis, de l’oeuvre de Dos Passos, en délaissant toutefois la plupart des oeuvres écrites après sa monumentale (encore une fois) trilogie USA (regroupant 42ème parallèle, 1919, et La grosse galette). C’est dommage car l’auteur a écrit plusieurs livres dont il n’est pas question dans cet essai, et ce n’est que vers la fin qu’on aborde Milieu du siècle. Il est beaucoup question, évidemment, de l’architecture de ses livres, et un peu, assez peu, surtout après la Seconde Guerre, de sa vie. Cela m’a laissé sur ma faim, mais il y a vraiment très peu de chose, en français du moins, sur John Dos Passos.

Pajak, Frédéric (textes et dessins). Manifeste incertain 5. Van Gogh, l’étincellement. Les éditions Noir sur Blanc, 2016

Continuant sur ma lancée, j’en suis au cinquième volume des « manifestes incertains » de Frédéric Pajak. Celui-ci porte exclusivement sur la vie de Vincent Van Gogh, de sa naissance à sa mort. Très étrange personne que ce Vincent, venu tardivement au dessin, puis à la peinture, après avoir tenté d’être pasteur, comme son père, auprès des plus démunis. Si vous voulez tout savoir sur le « peintre à l’oreille coupée » sans que ce soit pénible, c’est le livre à lire !

Pajak, Frédéric (textes et dessins). Manifeste incertain. 9. Les éditions Noir sur Blanc, 2020

Ce coup-ci j’ai triché un peu en passant directement du volume 5 au volume 9 (dernier en date, mais un volume 10 est déjà annoncé) des « Manifeste incertain », car il y était beaucoup question de Fernando Pessoa. Sa vie, son oeuvre, ses lubies, ses « amours » et, bien sûr, sa relation avec ses nombreux hétéronymes. Il est aussi question de la vie, et des voyages, de l’auteur Frédéric Pajak. Disons qu’il n’a pas eu une vie plate, et qu’il a beaucoup bourlingué! Dire que ma vie à moi se résumerait à un seul paragraphe, des plus ennuyant et sans verbes d’action !

Salmon, Christian. L’art du silence. Les liens qui libèrent, 2022

J’ai emprunté ce livre numérique à cause de son titre. L’art du silence est un thème qui m’intéresse, moi qui voudrais tendre vers un silence contemplatif. Vous connaissez l’adage: il vaut mieux avoir l’air d’un imbécile en se taisant, que de le démontrer en parlant! Mais j’avais tout faux, car ce livre porte sur le roman. En quoi le roman est-il un art du silence ? Je ne saurais trop vous le dire, car je n’ai pas tout compris sur les relations entre le roman et le silence. Il s’agit d’une série d’études portant sur différents romanciers: Kafka, Kundera, Nicolas Gogol, Hermann Broch, Proust, etc. Tout de même d’un certain intérêt, à défaut d’être d’un intérêt certain.

Bandes dessinées

Barral, Nicolas (texte et dessins). L’intranquille Monsieur Pessoa. Dargaud, 2024

Une fois n’est pas coutume, il s’agit d’une bande dessinée. Pas un roman graphique, ni un documentaire graphique, mais une vraie bande dessinée. Le personnage n’est pas un super-héros (même si il a plus d’hétéronymes que Superman, Batman et Spiderman réunis ), mais l’écrivain Fernando Pessoa. Un fond biographique, mais sur une histoire fictive où un journaliste doit écrire une nécrologie de l’auteur portugais juste avant sa mort qu’on sait imminente. Plaisant à lire, les dessins sont magnifiques et on apprend certaines choses sur Pessoa.


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