J.R.R. Tolkien : Le Hobbit
Daniel Ducharme | Romans fantastiques | 2022-11-01
Ne me demandez pas pourquoi j’ai attendu autant d'années avant d'entreprendre la lecture de Tolkien. Ne me le demandez pas parce que je ne saurais vous répondre. Dans ma jeunesse, tout le monde lisait Bilbo le Hobbit ou Le Seigneur des anneaux. Sans doute étais-je un tantinet snob, n'aimant pas aimer ce que tout le monde aimait, n'aimant faire ce que tout le monde faisait. Étant un jeune homme de peu d'envergure, je tentais de me démarquer par une certaine originalité. Est-ce que ça m'a servi ? Certainement pas ! Aujourd'hui encore, j'aime bien ce que d'autres n'aiment pas. Et je n'aime pas toujours ce que tout le monde aime ! Mais je ne le fais plus par snobisme, car je n'ai plus à me démarquer, à épater la galerie. Je suis devenu une vieille personne qui n'attend plus grand chose des autres, et je mourrai avec mes rêves enfouis au plus profond de mon être.
Avant de débuter la lecture de Tolkien, je me suis demandé par où commencer. Là-dessus, les experts sont unanimes : Bilbo le Hobbit, dorénavant Le Hobbit dans la nouvelle traduction de Daniel Lauzon chez l'éditeur Christian Bourgois. Roman originellement destiné à la jeunesse, Le Hobbit raconte comment la vie tranquille de Bilbo, du peuple des Collines, s’avère complètement bouleversé par l'arrivée du magicien Gandalf et de ses treize amis Nains. Bilbo est tout sauf un aventurier. Il aime bien manger, papoter avec ses voisins, vaquer à ses occupations routinières sans trop se compliquer la vie. En fait, il s'agit d'un Hobbit parfaitement heureux dans une existence empreinte de simplicité et d'habitudes. Alors, pourquoi Gandalf l'a-t-il désigné pour accompagner les Nains dans une mission dans laquelle il ne retire aucun intérêt ? Les Nains souhaitent retrouver leur gloire perdue dans le pays de la Montagne Solitaire. Depuis des années, une centaine d'années sans doute, Smaug, le dragon, est le seigneur des lieux. Après avoir détruit le royaume des Nains, il a accaparé toutes leurs richesses et se prélasse sur sa couche composée d'or et de diamants. Qu'à cela ne tienne, Thorin, le roi des Nains, décide de répondre à l'appel de ses ancêtres pour reprendre ce qui lui est dû. Gandalf a choisi Bilbo pour les accompagner en tant que voleur professionnel, ce qu'il n'est pas, bien entendu. Malgré tout, il se joint à l'expédition qui consiste à traverser toute la Terre du milieu pour parvenir au pied de la Montagne Solitaire.
À partir de là, le roman du genre fantasy s'apparente à un road movie. Sur un chemin semé d'embûches, la troupe rencontre de nombreux obstacles : les Trolls, les orques, les Gobelins, les Loups, les araignées géantes, Gollum, ce personnage étrange auquel Bilbo dérobe l'anneau qui lui permet de se rendre invisible dès qu'il la met à son doigt, les Elfes, etc. Sur des dizaines de chapitres, Tolkien raconte le voyage des Nains, de Gandalf et de Bilbo jusqu'à ce qu'ils arrivent à Boug-le-Lac, nommé aussi Esgaroth, une ville lacustre construite sur pilotis par des hommes sur le Long-Lac. De là, on peut apercevoir la montagne où se terre le dragon. Devrais-je vous raconter le reste ? Juste sur Wikipédia, vous trouverez le résumé du roman et un article pour chacun des personnages. Sans compter la multitude de chaînes YouTube, en français, en anglais et dans d'autres langues, consacrées à l'œuvre immense de J.R.R. Tolkien. Sachez simplement qu'un homme, Bard, tuera le dragon et qu'à partir de là les vrais ennuis commencent, notamment la Guerre des Cinq armées, ce qui n'est pas rien, reconnaissez-le.
Bilbo finit par retourner chez lui, par retrouver son village si paisible mais, comme le magicien l'avait prédit, il ne sera plus jamais le même. Et, en son âge vieillissant, il entreprend de raconter par écrit ses aventures. Et voilà où le bât blesse, où la morale de l'histoire frappe un nœud : la vie tranquille dans une maison bien propre représente sans aucun doute un modèle de sagesse, et personne n'en doutera. Le simple fait d'assister au lever du soleil, d'humer l'air frais en prenant une marche, de bien manger, de se reposer sur un fauteuil après un moment de lecture, devrait rendre heureux n'importe quel homme ou femme digne de ce nom. Mais voilà, pour apprécier tout cela, encore faut-il avoir vécu quelque chose...
Citation de la fin : « Bien sûr ! dit Gandalf. Et pourquoi ne se réaliseraient-elles pas ? Vous n’allez tout de même pas les mettre en doute, simplement parce que vous avez contribué à ce qu’elles se concrétisent ? Pensez-vous réellement que toutes vos aventures et vos péripéties ont été dictées par la chance, uniquement dans votre intérêt ? Vous êtes quelqu’un de très bien, monsieur Bessac, et je vous aime beaucoup ; mais en réalité, vous n’êtes vraiment qu’un tout petit bonhomme dans un monde bien plus vaste ! »
Voilà, n'oublions jamais que nous ne sommes que des êtres microscopiques dans l'univers, des petits êtres qui appartiennent à un ordre beaucoup plus grand que nous.
Tolkien, J.R.R. Le Hobbit / nouvelle trad. de Daniel Lauzon. Christian Bourgois, 2012