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Isaac Asimov : Prélude à Fondation (Fondation 1)


Daniel Ducharme | Romans de science-fiction | 2023-11-01


Asimov Après avoir lu les douze premiers volumes de la série Le futur selon Asimov, je peux enfin débuter son œuvre majeure en sept tomes : Fondation. Et je commence tout naturellement par Prélude a Fondation. Attention, il ne s'agit pas de l'ordre d'écriture des romans, mais de l'ordre logique et chronologique souhaité par l'auteur pour aborder son œuvre. Ainsi, ce premier roman de la série a été publié en 1988 alors que Fondation date de 1957. On prétend qu'il peut être lu isolément des autres, mais je préfère suivre les conseils de l'auteur lui-même, et entreprendre cette lecture en respectant sa volonté. Pour vous situer dans le temps, tout le cycle de Fondation se déroule en l'an 12 020 de l'ère galactique, soit environ en 20 000 ans après Jésus-Christ. Bref, vous l'aurez compris, nous sommes dans le futur lointain...

Prélude à Fondation met en scène Hari Seldon, un mathématicien qui a éveillé la curiosité de Cléon 1er, empereur de la galaxie dont le siège se trouve sur la planète Trantor. En effet, le mathématicien aurait mis au point un algorithme mathématique qui permettrait de prédire l'avenir. Même s'il clame à qui veut l'entendre que sa théorie s'avère possible, certes, mais irréalisable, il faudrait des milliers d'années pour collecter les données nécessaires à sa mise en application. N'empêche qu'Eto Demerzel, le bras droit de l'empereur, aurait planifié de l'enlever. Mais le journaliste Chetter Hummin, que Seldon rencontre "par hasard" dans un parc, le convainc de le suivre sur le campus de l'Université de Streeling où il sera en sécurité. C'est là que Hari Seldon rencontre Dors Venabili, une chercheuse en histoire, avec qui il se lie d'amitié. Malheureusement, lors d'une visite sur le couvercle des villes (la plupart des habitants vivent sous dôme sur Trantor), Hari Seldon se sent épié par un aérojet non identifié. Il s'en ouvre à des amis qui décident de l'envoyer, accompagnée par Dors, dans le secteur de Mycogène, un mileu où les gens, à la culture très particulière, ne vivent que de l'agriculture.

Asimov consacre plusieurs chapitres à la présence du couple à Mycogène. Il s'amuse visiblement à décrire cette civilisation qui voue un culte au monde perdu, celui de la planète Aurora que l'auteur aborde dans Les robots de l'aube (1983). Malheureusement, les choses tournent mal quand Hari et Dors entrent dans le temple, appelé sacramentum, pour en apprendre davantage sur la civilisation mycogénienne, notamment sur la présence d'un robot humanoïde des temps anciens. Pris sur le fait, les deux héros risquent la mort, car aucun barbare n'est autorisé à passer la porte du temple. Mais Chetter Hummin intervient juste à temps pour les libérer. Hummin, convaincu que seule la psychohistoire peut sauver l'Empire de la décadence, tient à ce que Seldon poursuive ses recherches. Il fait donc en sorte que les héros s'installent dans une demeure de Dahl, un secteur plus pauvre, plus ouvrier si j'ose dire, un endroit où l'empereur et son sbire ne risquent pas de les chercher. Là encore, on a l'impression qu'Asimov s'amuse à nous écrire les traits qui caractérisent cette civilisation. À Dahl, les hommes portent la moustache en signe de virilité alors qu'à Mycogène tout poil est interdit...

Pendant leur séjour à Dahl, le couple Selton-Venabili se rendent à Billibotton, un secteur réputé dangeureux où une vielle femme raconte que les hommes proviendraient tous d'une même planète : la Terre. Contre promesse d'une somme d'argent, la vieille dame accepte de raconter cette légende. Ici, il est amusant de constater que l'auteur fait des allusions à peine voilées à ses romans antérieurs, notamment au dernier du cycle des robots : Les robots et l'Empire, dont j'ai d'ailleurs fait un compte rendu. Même chose un peu plus loin dans le roman lorsque Hari et Dors rendent visite à Ravan, un révolutionnaire qui cherche à soulever les habitants du secteur contre l'Empire. Asimov met à jour la tactique de domination - celle qui consiste à opposer les groupes d'intérêt divergent les uns aux autres - de l'Empire pour assurer sa pérennité. C'est aussi à Billibotton que Hari et Dors s'attacheront au personnage de l'adolescent de la rue, Raych, qu'ils prendont ultérieurement sous leur garde.

Après divers démêlés avec la population locale et la police, les amis sont sauvés par des envoyés de Kan, secteur du pôle sud de la planète Trantor, dont Rachelle, la fille du maire vieillissant, projette de renverser l'Empire, notamment avec l'aide de la psychohistoire. Mais on verra que rien ne fonctionne comme prévu et, dans les derniers chapitres du roman, le lecteur se rend compte que, depuis le début, Isaac Asimov s'est joué de lui, en quelque sorte...

Les romans d'Issac Asimov comportent plusieurs éléments qui contribuent à leur succès. Un style simple et direct, des réflexions sur l'avenir, sur ce que pourrait être le monde dans 20 000 ans, une bonne histoire, qui combine souvent espionnage et intrigue policière, des exposés scientifiques et, enfin, une sorte de romance qui laisse toute la place aux sentiments humains qui, contrairement à tout le reste, semblent inchangés malgré les années... Prélude à Fondation, premier volume d'une série de sept, met la table à ce qu'il adviendra de l'Empire, solution politique au chaos susceptible d'être provoqué par son éclatement. Je brûle d'envie de poursuivre cette lecture.

Asimov, Isaac. Fondation 1 : Prélude à Fondation / Traduit de l’américain par Jean Bonn. Presse Pocket, 1988


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