Minette Walters : Cuisine sanglante
Daniel Ducharme | Romans policiers et d'espionnage | 2025-01-01
Une jeune femme, Olive Martin, est accusée d'avoir dépecé sa mère et sa soeur à coup de hache. À son procès, elle n'a pas voulu d'avocat, préférant se défendre elle-même, voire garder le silence le plus obtus. Cela lui a valu une peine de vingt-cinq ans de prison. Il faut dire qu'elle a le profil de l'emploi. Taciturne, obèse, menteuse, elle ne fait rien pour clamer son innocence. Ajoutons à cela une famille dysfonctionnelle, une soeur mignonne, un père homosexuel qui mène une double, voire une triple vie, un petit ami plus âgé qu'elle et dont personne ne connaît l'existence, des rumeurs d'avortement, etc. Olive Martin, on imagine, n'a jamais eu une grande estime d'elle-même, ayant été un objet de mépris pendant toute sa vie. Maintenant, on la craint... et, parfois, il vaut mieux être craint que méprisé.
Tout part de là. Une journaliste à la dérive, Roselind Leigh, reçoit le mandat de son éditeur d'écrire un ouvrage sur Olive Martin. Elle débute une enquête riche en rencontres de toutes sortes, une enquête semée d'embûches à la découverte de la vérité. Au départ, tout désigne Olive Martin comme la coupable. Sans doute parce qu'elle a le profil de l'emploi. Taciturne, obèse, menteuse, mais les apparences sont trompeuses, on le sait au moins depuis Descartes. Et la vérité finira par éclater, sinon ce roman n'aurait aucun sens.
Cuisine sanglante est un bon roman policier qui plonge au coeur de l'humain. Le fait qu'il ait été écrit par une femme y est peut-être pour quelque chose. Pour donner un peu de chair à l'enquête proprement dite, Minette Walters densifie son héroïne, Roselind Leigh, une femme qui se relève difficilement d'une séparation qui l'a minée pendant plusieurs mois. Quasi dépressive, cette journaliste et autrice n'a qu'une seule porte de sortie - l'écriture d'un livre sur Olive Martin, sinon elle risque de se retrouver au chômage une fois pour toutes... Alors, elle s'accroche. Au cours de ses recherches, elle rencontre l'ex policier chargé de l'affaire il y a une dizaine d'années. Dans une atmosphère où la violence a malheureusement sa place, ils se lieront d'amitié, voire davantage.
Je n'ai pas l'habitude de rédiger des notes de lecture sur des romans policiers, une littérature associée à la détente dans mon esprit. Mais une fois n'est pas coutume. Même si nous pourrions jeter un doute sur la crédibilité du récit par endroits, Cuisine sanglante s'avère un bon roman, bien dense, avec un équilibre parfait entre le fil des événements et l'aspect humain des personnages. Lisez-le, et vous passerez assurément un bon moment. Et si vous avez aimé, alors c'est encore mieux, car l'autrice en a écrit des dizaines d'autres...
Walters, Minette. Cuisine sanglante / trad. de l'anglais par Philippe Bonnet. Stock, 1994