Lecture en cours

Notes de lecture de Daniel Ducharme

Rémi Devallière : L'esprit d'Hoëdic


Daniel Ducharme | Romans policiers et d'espionnage | 2025-09-01


J'ai trouvé rafraîchissant de lire un polar à la française dont l'histoire se déroule en 1976, soit avant l'ère des ordinateurs, des tablettes et des téléphones mobiles. D'aucuns me diront que je suis nostalgique de ces temps anciens… Ce n'est pourtant pas le cas. Si je le suis parfois, c'est de très courte durée parce que, dans les faits, je suis un adepte des technologies au quotidien et, croyez-moi, je n'ai nulle envie de revenir en arrière. Non, ce que j'ai trouvé rafraîchissant dans ce roman réside dans le fait que tout dans cet ouvrage me rappelle le Maigret de Georges Simon : l'ambiance du Quai des Orfèvres, ces policiers qui fréquentent les cafés, qui boivent et fument comme on ne le fait plus aujourd'hui, les relations qu'ils entretiennent entre eux, se vouvoyant tout étant très proches les uns des autres. Bref, la lecture des Maigret me manque, vous l'aurez deviné. D'ailleurs, un des premiers livres que j'ai acheté dans ma vie n'est nul autre que Le chien jaune, un Maigret paru en 1931 dans Le Livre de Poche. Comme par hasard, ce Maigret-là se passe en Bretagne, tout comme L'esprit d'Hoëdic de Rémi Devallière, un écrivain peu connu, en tout cas, un auteur inconnu de Wikipédia ! Selon des sources glanées sur le Web, Rémi Devallière est un médecin à la retraite qui écrit des polars, dont les intrigues, la plupart du temps, se déroulent en Bretagne.

Dans ce roman, nous sommes en 1976. Le commissaire Anconi est Marseillais, mais il exerce sa profession à Paris. Contrairement à Maigret, il n'habite pas un appartement du boulevard Raspail, mais une péniche amarrée à un quai de la Seine, près de Neuilly. Et sa femme est peintre. Pour le reste, je ne sais trop pourquoi, j'ai l'impression de revenir au temps de ce cher Maigret dont les enquêtes ont bercé une partie de ma jeunesse. Bon, revenons au roman. Un jour, le commissaire Anconi reçoit un appel de son ex patron, la directeur de la PJ, Maurice Hennion. Celui-ci s'est retiré depuis plus de dix ans dans l'île de Hoëdic sur la côte bretonne. Une île de moins de deux cents habitants où il vit seul avec sa femme dépressive, ne s'intéressant guère aux gens du village. Anconi trouve étrange que son ex directeur, avec lequel il n'a jamais vraiment eu d'atomes crochus, lui téléphone, lui, pour prendre de ses nouvelles, se permettant une seule allusion à une affaire de disparation jamais résolue. Anconi raccroche, sans trop attacher d'importance à cet appel, jusqu'au moment où, dix jours plus tard, il apprend la mort de Hennion, disparu en mer pendant une partie de pêche. Il juge cette mort suspecte, notamment en raison de cet appel. Il décide donc de partir à Hoëdic avec l'inspecteur Lefebvre, un collègue qui n'a jamais lâché l'affaire de la disparation de la famille de la rue de Monsieur-le-Prince. D'ailleurs, la relation entre Anconi et Lefebvre, son subordonné, ajoute une once de sympathie à ce roman, suscitant chez le lecteur un sourire à l'occasion.

Comme on le devine aisément, les insulaires ne voient pas d'un bon œil l'arrivée de ces "étrangers" sur leur île. Un étranger qui se balade dans les moindres recoins de cett île où la pêche constitue l'activité principale des habitants. Mais petit à petit, le commissaire Anconi déliera les langues et mettra à jour, après quelques rebondissements, les fils de l'intrigue pour la plus grande satisfaction du lecteur. C'est ce que l'auteur appelle l'esprit Hoëdic...

Inutile de vous dire que je vous recommande ce roman. Certes, ce n'a rien à voir avec les polars sordides des auteurs scandinaves. Ici, on parle plutôt d'une intrigue à l'ancienne avec un acteur hors du commun qui, à force de patience et de parole, parviendra à la vérité, que je ne vous révélera pas, bien entendu...

Devallière, Rémi. L'esprit d'Hoëdic (Commissaire Anconi 1). Quimper, éd. Alain Bargain, 2017


Revenir en haut de la page