Lecture en cours

Lectures croisées : février 2025


Sylvie Bellemare, Lyne Des Ruisseaux, Pierre Rivet & Daniel Ducharme | Lectures croisées | 2025-03-01


Sylvie Bellemare

McFadden, Freida. La femme de ménage / traduit par Karine Forestier. J'ai lu, 2023

Millie sort de prison de travaille comme femme de ménage dans une riche famille. Sa patronne est difficile et Millie découvre son passé psychiatrique. Mais la vérité est-elle celle que l’on voit ? Séparé en deux parties, ce texte nous donne la version que l’on veut faire voir et la réelle. Je qualifierais ce livre de divertissant et de page-turner. La finale est originale et surprenante.

McFadden, Freida. Les secrets de la femme de ménage / traduit par Karine Forestier. J'ai lu, 2023

Millie travaille chez un riche couple et la femme reste toujours dans sa chambre. Quand Millie la rencontre enfin, elle découvre des ecchymoses sur son visage. Voulant l’aider à fuir un mari violent, Millie se place dans une position difficile. Comme je connais la technique de l’auteure, je me suis amusée à essayer de deviner la vraie histoire. Je n’ai pas été déçue de ma lecture.

Lavallée, Ronald. Tous des loups. Fides, 2022

Pierre parlait du Le crime du garçon exquis dans son dernier compte-rendu de lectures. J’ai eu envie de le lire et de commencer par le premier livre de cet auteur. Matthew Callwood, jeune policier, s’est porté volontaire pour travailler un village isolé et inhospitalier du Nord canadien. Il veut faire régner la loi et part à la poursuite d’un criminel accusé d’avoir tué sa femme et son enfant. Dans une langue splendide, les personnages, les paysages, la nature sauvage, sont décrits avec justesse.

Lavallée, Ronald. Le crime du garçon exquis. Fides, 2024

Je vous réfère au compte-rendu de Pierre.

Tartt, Donna. Le chardonneret / traduit par Édith Soonckindt. Éditions Plon, collections Feux croisés, 2014

Un long roman, mille pages en version Poche, que j’ai lu en partie. Un ado est dans un musée quand une bombe explose. Un homme mourant lui propose de prendre un petit tableau, Le chardonneret, oeuvre d’un maître flamand des années 1600. Le roman est le récit de ce jeune homme avec plusieurs détails. J’en ai lu la moitié et suis allée voir la fin sur internet.

Ulrich, François. Fais pas tout foirer, James Becker. Fides, 2023

James, un photographe français, mène une brillante carrière à San Francisco. À la mort de sa mère, il se rend en France, mais ne ressent rien pour cette femme froide, qui l’a élévé durement. Sur une implusion, il prend une photo et la publie sur son sompte Instagram. Cette photo fera d’abord scandale, puis relancera la carrière du photographe. En parallèle, il y a l’histoire de sa mère qui, a vingt ans, était une enseignante attentionnée et aimée de ses élèves. Que s’est-il passé pour que cette femme change du tout au tout ?


Lyne Des Ruisseaux

Perec, Georges. Les choses. Le livre de poche, collection La Pochothèque, 2002

Premier roman, publié en 1967, de cet auteur lié au groupe de recherche littéraire Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) et qui a valu à Perec le prix Renaudot. J’avais beaucoup aimé La vie mode d’emploi, lu pendant mon bac en littérature. J’ai hésité entre lire La disparition et Les choses et j’ai choisi finalement ce dernier titre de mon édition complète des romans de Perec. Alors on suit un couple de vingtenaires qui survit en menant diverses enquêtes sociales. Sylvie et Jérôme vivent dans un minuscule appartement parisien, mais aspirent avant tout à vivre la vie des riches et à posséder tous ces objets, meubles et vêtements marqueurs d’un haut statut social, ceci, sans perdre leur liberté dans un travail quotidien et aliénant. Rêve impossible… qui les mènent à accepter un emploi en Tunisie. Espérant Tunis, la grande ville, ils se retrouvent plutôt à Sfax, bientôt seuls et sans projet. Après quelques mois, ils reviennent en France et acceptent le conformisme, comme tous leurs amis auparavant, en prenant la direction d’une agence d’enquêtes sociales. Le roman se termine par une citation de Karl Marx sur le lien entre vérité, moyen (utilisé) et résultat. Ce roman, écrit parfois écrit au conditionnel, parfois au futur, le plus souvent à l’imparfait est descriptif de toutes ces choses qui entourent les personnages et qui abondent dans la société de consommation naissante des années soixante. Les personnages sont peu fouillés, comme lisses et loin d’eux-mêmes. On les regardent agir et échouer à réaliser leur rêve « révolutionnaire ». Le sous-titre « Une histoire des années soixante » est assez porteur sous cet angle. J’ai bien aimé !


Daniel Ducharme

Connelly, Michael. À qui sait attendre / traduit de l'anglais par Robert Pépin. Calmann-Lévy, 2025

C'est mon 39e Connelly. Celui-ci met en scène l'inspectrice aux affaires non résolues, Renée Ballard, et la fille de Harry Bosch, Maddie. Il ne s'agit donc pas d'un Mickey Haller, cet avocat auquel on finit pas s'attacher. Il ne s'agit pas non plus du meilleur Connelly, du moins ce n'est pas du même niveau que Sans l'ombre d'un doute paru l'année dernière. Pourquoi ? L'intrigue est là, mais peut-être y en a-t-il trop (au moins trois) Par ailleurs, l'auteur n'approfondit pas suffisamment ses personnages. Cela dit, ça reste du Connelly, donc du bon policier.

Dos Santos, José Rodrigues. Spinoza, l'homme qui a tué Dieu / traduit du portugais par Catherine Leterrier. Bordeaux : Hervé Chopin, 2023

J'avais bien aimé La formule de dieu paru en 2012, mais j'ai moins aimé ce roman dont, je l'avoue, je n'ai pas terminé. Pourquoi ? Sans doute trop didactique, trop prévisible. En tout cas, je n'ai pas été conquis par la trame historique qui sous-tend une intrigue plutôt mince. Rares sont les bons romans historiques, même si le personnage de Spinoza avait tout pour attirer mon attention.


Pierre Rivet

Arnould, Frédéric. C’est aussi ça, l’Amérique. Portraitsd’un pays polarisé. Québec-Amérique, 2025

Frédéric Arnould est correspondant à Washington pour Radio-Canada. Dans ce livre, il veut effectivement nous brosser un portrait contrasté d’un pays polarisé. C’est pourquoi il interroge autant des citoyens américains qui sont pour Trump, et font partis d’une mouvance ultra-conservatrice, que des gens qui sont contre lui, et ce qu’il représente. Il y a donc, oui, un peu de « human interest », mais pas seulement. Il y a surtout d’excellentes descriptions du système électoral américain, avec ses points positifs (entre autres, les contrepoids au système politique) et ses points négatifs (le triturage de la carte électorale, appelé « gerrymandering » -, les grands électeurs, etc.). L’auteur revient aussi sur des thèmes comme la guerre culturelle (censure de livres, etc.), les lois contre l’avortement, la prolifération des armes à feu. Bref, un livre très intéressant qui nous informe bien sur la société américaine et nous donne un certain espoir, étant donné la combattivité et à la résilience des citoyens américains.

Fortier, Vincent. Entends-tu ? Un essai sur le silence. Delbusso éditeur, 2024

Vincent Fortier voulait faire un roman sur le thème du silence, mais il a finalement abandonné l’idée et le roman s’est transformé en un essai sur le silence. Le silence est vu ici sous un peu tout ses aspects. Méditatif, contemplatif, régénérateur, mais aussi sous son aspect plus négatif, imposé, dominateur. Sous la forme de textes assez courts, souvent une page ou deux, ou même moins, cet essai ce lit facilement et nous plonge dans un silence interrogatif.

Enzensberger, Hans Magnus. Un bouquet d’anecdotes ou Opus incertum. Gallimard, c2018, 2022

Je vous avais déjà parlé de cet auteur allemand et de son livre Tumulte au mois d’août 2024. Dans Un bouquet d’anecdotes, il recule en arrière pour livrer le portrait d’un jeune allemand, de sa naissance en 1929 jusqu’à son arrivée à Paris en 1950. Mais est-ce bien lui qui se cache derrière M  ? Un fascinant portrait de la vie quotidienne en Allemagne à l’époque de la montée du nazisme, de la guerre, et de ce qui va suivre la chute du IIIème Reich. De plus, le livre en soi est un magnifique objet, papier de qualité, belle mise en page et magnifiques photos. À lire, surtout dans la version papier.

Klein, Étienne. Courts-circuits. Essai. Gallimard, 2023

Philosophe et physicien, Étienne Klein est un habitué des médias en France. Il a sa chronique dans « Philosophie Magasine » et une tribune je crois à la radio. Courts-circuits est un ensemble d’essais sur des liens entre la science, la philosophie, la littérature, etc. Intéressant, et assez compréhensible, sauf quand il est question de math où je suis facilement largué dès qu’on dépasse les opérations de calculs les plus élémentaires… Pour amateur.

Lavallée, Ronald. Tous des loups. Biblio-Fides, c2022, 2024

Ce livre précède Le crime du garçon exquis, et met aussi en scène le personnage de Matthew Callwood. Celui-ci est policier dans les Territoires du Nord-ouest, dans une région sauvage avoisinant la Baie d’Hudson. Le territoire est isolé, et les policiers qui y officient sont laissés à eux-même et à leur désoeuvrement. Le jeune policier, idéaliste, se met dans la tête d’arrêter un trappeur canadien-français accusé du meurtre de sa femme et de son enfant, mais qui est presqu’un fantôme et une légende dans cette immensité perdue. Évidemment, cela ne sera pas simple pour Callwood. Je ne vous en dit pas plus, mais je vous invite à lire ce livre, plus lent et plus dense que le volume suivant, mais qui décrit bien le personnage du jeune Callwood, et son évolution. L’histoire démarre lentement, mais petit à petit, par petites touches impressionnistes, l’auteur campe les différents personnages et, surtout, le paysage et le climat, qui est presqu’un personnage lui aussi. Plus on avance dans l’histoire, plus on éprouve de la difficulté à arrêter notre lecture, et la dernière page tournée nous n’avons qu’un souhait, celui de retrouver ces personnages bientôt.

Lévesque, Robert. Déambulations. Boréal\Papiers Collés, 2024

Ancien critique au « Devoir », entre autre, avec une réputation de peau de vache, Robert Lévesque a, nul ne peux le nier, une culture, littéraire particulièrement, abyssale. Ce livre de « déambulations » entre les pages des oeuvres de classiques d’auteurs tels que Victor Hugo, Anton Tchekhov, Walter Benjamin, Gertrude Stein, Peter Handke, Frank Kafka, Virginia Wolf, et autres, vaut de s’y arrêter et d’accompagner l’auteur dans son périple. Depuis plusieurs années je suis les chroniques de Robert Lévesque dans les revues « Les Libraires » et « L’inconvénient », et je les trouves toujours passionnantes.


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